La rapidité des nuages
Le lit, la vitre auprès, la vallée, le ciel,
La magnifique rapidité de ces nuages.
La griffe de la pluie sur la vitre, soudain,
Comme si le néant paraphait le monde.
La magnifique rapidité de ces nuages.
La griffe de la pluie sur la vitre, soudain,
Comme si le néant paraphait le monde.
Dans mon rêve d'hier
Le grain d'autres années brûlait par flammes courtes
Sur le sol carrelé, mais sans chaleur.
Nos pieds nus l'écartaient comme une eau limpide.
Le grain d'autres années brûlait par flammes courtes
Sur le sol carrelé, mais sans chaleur.
Nos pieds nus l'écartaient comme une eau limpide.
O mon amie,
Comme était faible la distance entre nos corps !
La lame de l'épée du temps qui rôde
Y eût cherché en vain le lieu pour vaincre.
Comme était faible la distance entre nos corps !
La lame de l'épée du temps qui rôde
Y eût cherché en vain le lieu pour vaincre.
(Ce qui fut sans lumière - Mercure de France, 1987)
La rapidez de las nubesLa cama, la ventana cercana, el valle, el cielo,
La rapidez espléndida de esas nubes,
La súbita garra de la lluvia en los cristales
Como si la nada rubricase el mundo.En mi sueño de ayer
El grano de otros años ardía a fuego lento,
Sin calor, en el suelo embaldosado.
Descalzos, lo apartaban nuestros pies como un agua límpida.¡Oh amiga mía,
Qué distancia tan débil separaba nuestros cuerpos!
La hoja de la espada del tiempo que merodea
Hubiese allí buscado en vano lugar para vencer!
Yves Bonnefoy
música: No. 21 In B Flat Major, Cantabile Chopin Preludes
A Sylvia Beach
mmmmMmmmmmm
M tmme salue, ma Sœur née par-delà les mers !
Voicmmmue mon étoile a retrouvé la tienne,
Prodigue des trésors amassés en son cours.
M tmme salue, ma Sœur née par-delà les mers !
Voicmmmue mon étoile a retrouvé la tienne,
Non pas fondue au feu du soleil primitif,
Mais vive, exacte et neuve en sa grâce étrangère,Prodigue des trésors amassés en son cours.
Je chantais solitaire, attentive aux promesses
Que notre Mère écrit dans le regard des hommes,
L'éclat des diamants et l'orient des perles.
Je cachais en mon sein, comme un oiseau fragile,
Le bel espoir craintif qui se nourrit des miels.
Je vouais aux pudeurs, linges blancs et croisés,
La naissante pensée qu'on baptise de pleurs.
Je me sauve, à présent, oh ! ma Sœur, par tes soins,
De ces tourments, de ces regrets, de ces faiblesses !
La force me revient, et si j'aime la Nuit,
Si j'interroge encor ses dernières terreurs,
C'est pour mûrir la paix d'un jour définitif.
Que notre Mère écrit dans le regard des hommes,
L'éclat des diamants et l'orient des perles.
Je cachais en mon sein, comme un oiseau fragile,
Le bel espoir craintif qui se nourrit des miels.
Je vouais aux pudeurs, linges blancs et croisés,
La naissante pensée qu'on baptise de pleurs.
Je me sauve, à présent, oh ! ma Sœur, par tes soins,
De ces tourments, de ces regrets, de ces faiblesses !
La force me revient, et si j'aime la Nuit,
Si j'interroge encor ses dernières terreurs,
C'est pour mûrir la paix d'un jour définitif.
Déjà, Midi nous voit , l'une en face de l'autre,
Debout devant nos seuils, au niveau de la rue,
Doux fleuve de soleil qui porte sur ses bords
Nos librairies.
Midi lève nos mains, déliées du service,
Pour l'appel des repas, pour le temps des silences,
Et fait étinceler, sous le jeu de leur signe,
La flamme encor cachée au cœur de nos pays.
Debout devant nos seuils, au niveau de la rue,
Doux fleuve de soleil qui porte sur ses bords
Nos librairies.
Midi lève nos mains, déliées du service,
Pour l'appel des repas, pour le temps des silences,
Et fait étinceler, sous le jeu de leur signe,
La flamme encor cachée au cœur de nos pays.
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