Absence. I
Alfredo Gangotena (1904-1944)
Les anges attendent, dehors, mon front.
Les anges, au gré du vent, dans les frimas, comme blanches paupières anxieuses,
Battent des ailes,
Brûlent le songe dans la maison du noir.
Et les lumières du ciel, les lumières du sable, vibrent ensemble dans cette attente.
Mes mains ? ouvertes, écartelées, ouvertes dans le sang !
Les portes de ma solitudes, branlantes dans les miroirs du vent.
Et toutes les feuilles nées de la Nature,
Qui veillent autour sur cet éclairage de tristesse et d'anxiété.
Mais je ne puis m'absenter, et d'aucune façon, dérider les formes de ma vision.
J'ai à subir, croyez-moi, nombre paroles et maints climats,
Les multiples haleines de l'âme désemparée.
Car le rouge est là ! ce rouge extrême auprès de mes regards, ce rouge aux tempes et dans me mains.
Et les battements pénibles de la porte viennent jeter, de temps à autre, dehors, le trouble dans les beaux visages de cette légion.
Et la lumière, qui se défie, me garde autour comme une attente rouge dans les murs.
Ces oiseaux parsemés devant, miroitent dans les airs
-Ces grands oiseux qui se réclament d'un si long voyage,
Qui m'apprennent, en cette virtuosité de vol,
Les eaux premières que je n'ai pu boire !
Et la lumière, comme une pensée à la cime même de l'esprit.
Qui franchirait, vers l'extérieur, ces murs ?
Comme une écorce bien ajustée
Ils nous maintiennent dans cet élan, droits vers le ciel de toute immobilité.
Et mes veines qui s'asphyxient !
Mes veines, chargées de larmes, qui pèsent tant dans mon cerveau.
Allez ! fuyez ma vie, fuyez-la donc, présences du dehors, et ne me faites plus souffrir cette glace dans la terreur.
Mais il y a ce vent, ce vent de tous les lieux !
Le vent qui, prompt, s'apprête à dévaster jusque dans les blancheurs limpide de mon front !
Vrai ! et cette couleur si douce, aussi, d'âge en âge venue, comme une voix secrète des ombres intime,
Si douce et si loin venue dans la liquide solitude de mes paupières.
Comme le sel nocturne du regard, qui débonnaire éclate aux jours de honte et de tempête,
Un astre est nu dans mon esprit.
O soleil avec tes brises, ton paradis soluble dans nos veines et dans nos larmes !
Eclaire, éclaire, ô astre tumultueux, éclaire-moi donc ces ténèbres épaisses de la distance.
Et fais en sorte que moi je ne sois plus séparé d'Elle, d'Elle, ah ! de l'étendue blanche de son contact, par tout ce long et difficile voyage.
Je reste seul, ici dans cette argile, anges du dehors,
-Pour mieux L'attendre, dans ces lumières consternées.
Pour cet appel !
Car j'adore dans mon front une présence mémorable.
Les fleurs et les brises qui s'entrelacent.
Les fleurs ! et le bruissement de ma pupille comme la parole heureuse de son esprit !
Et ses bras ! quels parfums ! entourées de mes veines éclatantes.
Taisez-vous ! or taisez-vous, bouches inquiètes du dehors !
Déjà les grands oiseux du soir arrachent les portes et brisent les murs !
Ces grands et noirs oiseaux qui déploient leur vol subtil dans les profondeurs de mes fenêtres et de mes miroirs
Le monde, en cette minute, n'est plus que l'haleine d'une pensée
Seigneur, je tremble
L'Esprit, le soleil, les astres et toutes lumières connues, tremblent aussi.
Seigneur, qui tremblent en cette suprême connaissance :
O Amour !
Amour présent
Ausencia. I
Los ángeles esperan, afuera, mi frente.
Los ángeles, a merced del viento, en la escarcha, como blancos párpados ansiosos,
Baten alas,
Queman el sueño en la casa de la negrura.
Y las luces del cielo, las luces de la arena, vibran juntas en la espera.
¿Mis manos? ¡Abiertas, descuartizadas, abiertas en la sangre!
Las puertas de mi soledad golpean en los espejos del viento.
Y todas las hojas nacidas de la Naturaleza,
Que velan en torno sobre esta luz de tristeza y ansiedad.
Pero no puedo ausentarme, y en modo alguno, alegrar las formas de mi visión.
Tengo que sufrir, créanme, muchas palabras y numerosos climas,
Los múltiples alientos del alma desesperada.
¡Pues lo rojo está allí! Ese rojo extremo ante mi mirada, ese rojo en las sienes y en mis manos.
Y el penoso golpear de la puerta crea, de vez en cuando, afuera, la confusión en los hermosos rostros de esa legión.
Y la luz, que desconfía, guarda a mi alrededor como una espera roja en los muros.
Esos pájaros dispersos adelante, espejean en el aire
-¡Esos grandes pájaros que reivindican un tan largo viaje,
Que me enseñan, en ese virtuosismo de vuelo,
Las aguas primigenias que no pude beber!
Y la luz, como un pensamiento, en la cima misma del espíritu.
¿Quién franquearía, hacia afuera, estos muros?
Como una corteza bien ajustada
Nos mantienen en este impulso, derechos hacia el cielo en plena inmovilidad.
¡Y mis venas que se asfixian!
Mis venas, cargadas de lágrimas, que pesan tanto en mi cerebro.
¡Vamos, rehuid mi vida, rehuidla, pues, presencias de afuera, y no me hagáis soportar más este hielo en el terror!
¡Pero allí está ese viento, ese viento de todos lados!
¡El viento que, rápido, se apresta a devastar hasta en las blancuras límpidas de mi frente!
¡Así es!, y este color tan suave, también, venido del fondo de los tiempos, como una voz secreta de las íntimas sombras,
tan suave y venido de tan lejos en la líquida soledad de mis párpados.
Como la sal nocturna de la mirada, que benévola estalla en los días de vergüenza y tempestad,
Un astro está desnudo en mi mente.
¡Oh sol con tus brisas, tu paraíso soluble en nuestras venas y nuestras lágrimas!
Ilumina, ilumina, oh astro tumultuoso, ilumíname pues esas espesas tinieblas de la distancia.
Y haz de modo que yo ya no esté separado de Ella, de Ella, ¡ah!, de la blanca extensión de su contacto, por todo este largo y difícil viaje.
Yo permanezco solo, aquí en esta arcilla, ángeles del afuera,
-Para mejor esperarla, en estas luces consternadas.
¡Para este llamado!
Ya que en mi frente adoro una presencia memorable.
Las flores y las brisas que se entrelazan.
¡Las flores! ¡Y el rumor de mi pupila, como la palabra feliz de su alma!
¡Y sus brazos! ¡Qué perfumes! rodeados por mis venas brillantes.
¡Callaos! ¡Callaos, pues, bocas inquietas del afuera!
¡Ya los grandes pájaros de la tarde arrancan las puertas y rompen los muros!
Esos grandes y negros pájaros que despliegan su vuelo sutil en las profundidades de mis ventanas y de mis espejos.
El mundo, en este instante, no es más que el hálito de un pensamiento.
Señor, estoy temblando.
El Espíritu, el sol, los astros y toda luz conocida tiemblan también.
Señor, que tiemblan en este conocimiento supremo:
¡Oh Amor!
Amor presente.